"Bokuto kitan" par Nagai Kâfu
"Une histoire singulière à l'Est du fleuve" est un texte très étrange qui mérite qu'on s'y attarde bien plus que sur les vers composés à la fin du roman. Toutefois, ceux-ci ont rencontré un écho favorable en moi (comme des paroles déjà entendues ou ressenties) lors de leur lecture un peu plus tôt cette semaine.
Une goutte de sang sur mon front, piqûre d'un des derniers moustiques
Un chiffon de papier, que tu gardais contre ton sein
L'a essuyé, puis tu l'as jeté dans un coin du jardin
Une seule tige d'amarante reste debout
Nuit après nuit, la rosée est plus froide
Sans attendre le vent du crépuscule
Elle doit tomber et mourir, mais ne connait pas son destin
Tandis que se fanent ses feuilles dorées
Sa silhouette gagne en couleur, pitoyable
Un papillon souffre
Vacille sur ses ailes blessées
A l'ombre d'une amarante destinée à mourir
Et qui, probablement, ne refleurira plus
Un coin de jardin, où s'approche le crépuscule
D'un automne tardif, trop court pour que se forment
Les rêves qui parcourent notre esprit
Séparé de toi, je suis seul
Qu'en est-il de mon coeur
Qui, telle une amarante, doit tomber et mourir ?