My broken elbow & I

Official Subtitle : Descente en snowboard parmi les plus courtes de l'histoire

Je viens juste de retrouver les photos (horribles biensûr) de mon coude pété. C'était dans les dossiers en cache de ma soeur, la fouine, que j'ai sauvé d'une mort certaine y a pas longtemps.

Scénarii :
Février 2007, Chamrousse, France, 1750 m.

Je retrouve mon mono pour un pti cours particulier des familles, histoire de se rafraîchir la mémoire. Faut se dire que j'étais pas remontée sur un snowboard depuis 7 ans. L'air de rien, c'est long.
On prend les remontées, on va pas trop loin, parce que de toute façon, on se repère au bruit. On pourrait être aveugle tellement il neige. La neige est bonne, pas humide, pas tassée, de bonnes grosses "chips" qui tombent comme ça et recouvrent tout de leur blancheur moelleuse.
Après un parcours de 500 m sans encombres où j'avais pris la confiance. PAF! la chute à la con...
quand j'entends ce craquement sinistre "Craaaacckk", je n'ai pas encore mal mais je pressens que les vacances ont un goût de fin prématurée.
J'ouvre alors un oeil, et je me tourne sur le côté gauche. Là, ce que je vois est tellement bizarroïde que direct je regarde vers le ciel en me disant que ça va aller. "inspiration, expiratiuon, concentre-toi c'est important".

Dialogue à ce moment-là :
mon mono : "ben qu'est-ce tu fais chaussette ? (c'est le surnom que j'ai depuis 10 ans que je vais là-bas) relève toi ma grande !!"
aleks : "je peux pas. j'ai le bras en vrac. pis j'ai mal aussi."

le mono il se rapproche et là il scotche comme on dirait.
Festival d'alerte...Un pisteur est appelé pour me descendre en luge. Mais en fait il arrive pas à rapprocher mon bras de mon corps (trop en vrac, le bras).
Parce que l'angle entre l'humérus et les deux autres os est de 90 °C mais à l'envers. C'est assez vilain.

Il faut donc appeler le médecin pour qu'il vienne en speed jusque là où je suis. Et qu'il regarde ce qu'on peut faire.

40 min plus tard, je suis congelée comme qui dirait. Je sens plus mes doigts ni mes doigts de pied. Pourtant je bouge mes doigts, ce qui file d'ailleurs la nausée à mon mono, parce que c'est trop gore de voir mes doigts bouger dans un angle improbable. Il a encore rien vu.

Le doc arrive. Il me demande si je sens pas d'écoulement de fluide, genre comme du sang.
aleks : "euh non ??!!"
le doc : "bon on coupe la manche, on va voir ce que ça donne !....Ciseaux"
et squik et squik et squik le tissu de ma belle parka ONF ...
le doc : ""OOOooOOhhh, c'est joli ça. Dommage qu'on puisse pas faire une radio tel que en l'état, c'est vraiment intéressant !!!!
aleks : "je sais je suis un vrai performer, c'est mon métier."
le doc : "bon, on va vous remettre ça, je vous préviens ça va tirer. On va faire une injection de morphine. Tu pèses combien ?"
aleks : "xxx kg" ...là je dis plus car je sais qu'on dose l'anesthésie fonction du poids
Comme le doc sait que les filles mentent en général, j'ai double dose. Et là, un fourmillement très très étrange se produit. C'est que ça fait effet.
Le doc attrape un bout de mon bras d'un côté et l'autre morceau de l'autre, et il tire des deux côtés en même temps pour remettre l'articulation dans son emplacement normal. Je visualise encore très bien la manip' car j'ai eu la marque de ses doigts en impression technicolor pendant plusieurs semaines.

et là, pendant la manip', je crie. Positivement. Je crois qu'il n'y a guère que les marmottes qui hibernaient de l'autre côté de la montagne qui m'ont pas entendue.

Puis en bas dans la station, c'est les radios, puis le repos, les quelques dialogues incohérents à cause de la morphine, le raisonnement qui tourne en boucle dans le ciboulot.

Deux semaines plus tard, voici les photos:

Oui c'est horrible, mais à vivre c'ets pas mal non plus. Dans le genre, quand on a enlevé le plâtre, je pouvais même pas tenir ma fourchette ou approcher ma main de mon épaule...pathétique et flippant.

15 séances de kiné et d'électrothérapie plus tard, je touche mon épaule.

6 mois plus tard, je peux à nouveaux m'entraîner à faire des pompes et le poirier. et nager et me cogner dans quelque chose sans grimacer de douleur.

Vive le corps humain et ses remarquables facultés de guérison.