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Chez Aleks
23 août 2008

Lu dans Courrier International

L'été, c'est le moment où tel un ordinateur, je purge ma mémoire.
et les trucs dont je ne veux plus, et les vieux magazines entassés sous mon lit.

Tout en faisant du tri au milieu de tout mon bazar (de semaines en semaines, je dompte peu à peu cet animal sauvage qu'est le désordre), je conserve une bonne pile de CI parce que... j'aime cette revue depuis plus de 10 ans.  Et que gagner ma vie m'a enfin permis de m'y abonner.

Et je suis tombée sur cet article, que j'ai envie de partager.

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Süddeutsche Zeitung - Munich

Un Allemand sur 8 est pauvre. Sans les aides sociales, ils seraient 1 sur 4. Un récent rapport gouvernemental a jeté un froid en Allemagne. Comment peut-on être pauvre, dans un pays qui s'impose comme la locomotive européenne en termes de croissance ? de jeunes enfants sont morts de faim en Allemagne cet hiver. Jessica, Lea-Sophie et Dennis ne sont cependant pas morts parce que leurs parents ne pouvaient pas leur acheter à manger. Ils sont morts par négligence.

La pauvreté, ici, n'est pas une question de calories. L'Allemagne est un pays riche. La pauvreté existe, pourtant - même s'il est vrai que les pauvres d'ici seraient des Crésus à Calcutta, Lagos, Khartoum ou Dacca.

On compte chez nous plusieurs millions de personnes qui vivent en marge de la société. C'est d'elles que parle le "Rapport sur la pauvreté et la richesse" [fondé sur des statistiques de 2005, et rendu public le 19 mai par le gouvernement fédéral]. Ces millions de personnes ne meurent pas de faim ; elles ne mendient pas dans les zones piétonnes, mais elles sont quand même pauvres parce qu'elles sont exclues d'une société qui ne s'offre qu'aux plus favorisés.

Leur pauvreté n'est que relative. Mais c'est bien là le drame pour les défavorisés de ce pays. On a oublié qu'ils étaient dans le besoin. Voilà pourquoi on accuse l'aide sociale d'entretenir des parasites. Voilà pourquoi on fait comme si les chômeurs de longue durée étaient les premiers responsables de leur situation. Voilà pourquoi les gens concernés par les réformes Hartz IV [réforme des allocations chômage mise en oeuvre sous le gouvernement de Gerhard Schroder] doivent désormais se débrouiller avec 347 euros par mois.

Un autre constat du rapport est que l'écart entre pauvres et riches ne cesse de se creuser. Cela menace la cohésion de la société. On peut supporter d'être pauvre parmi le spauvres, mais être pauvre au milieu de très riches, c'est insupportable.

En 2005 étaient considérées comme pauvres les personnes qui disposaient de moins de 983 euros net par mois ; aujourd'hui, la pauvreté commence au dessous de 781 euros. Ce la s'explique par le fait que le revenu médian a baissé [pour Eurostat, est pauvre celui dont les revenus ne dépassent pas 60% du revenu médian]. Cette baisse est en partie due au contexte allemand - une classe politique qui a cherché son salut dans les bas salaires et la réduction des prestations sociales.

Ce qui est grave dans le fait que beaucoup de gens vivent mal, ce n'est pas que d'autres vivent très bien. En revanche, il est souhaitable qu'on aide ceux qui vivent mal (y compris en sollicitant ceux qui vivent très bien). Et ce rapport sur la pauvreté a le mérite de lancer la discussion sur la façon d'y parvenir. D'autres indications figurent dans la Constitution allemande. "Propriété oblige",proclame le texte [Chapitre Ier, article 14, alinéa 2]. "Son usage doit dans le même temps contribuer au bien de la collectivité." Il est bien que l'on puisse à nouveau citer ce passage sans être pris pour un communiste.

Le "Rapport sur la pauvreté et la richesse" est un rapport sur l'état de la démocratie. Une démocratie dans laquelle un nombre croissant de personnes vivent en marge de la société ne peut pas fonctionner correctement. Ce rapport est aussi un défi lancé à l'Etat social : une bonne politique sociale ne consiste pas à prendre en charge les pauvres, mais à supprimer les causes structurelles de leur pauvreté. Une politique sociale ? C'est une politique  qui permet à chaque citoyen d'être un citoyen à part entière.

Heribert Prantl

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Chez Aleks
  • Devant le miroir du monde se tient Alice qui dit : "j’ai un sceptre a la main et une couronne sur la tête, laissons s’approcher les créatures du miroir qu’elle qu’elles soient, qu’elles dînent avec la Reine Rouge, la Reine Blanche et moi…"
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